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Jeudi 10 novembre 4h00, Il fait 0° dans la chambre, c'est le grand jour. Nous montons vers l'ABC pour notre dernière marche de liaison avant la compétition histoire de voir aussi les premières lueures caresser les géants himalayens. Après une heure, dans la nuit à la frontale, nous voici au cœur du Sanctuaire des Annapurnas, à 4.130 m. La lumière du jour fait apparaître devant nos yeux ces sommets utopiques qui se meuvent et se transforment, imperceptiblement, au fil du temps, des temps, ainsi que des milliers d'objets et phénomènes qui nous entourent. Cette source de vie serait-elle alors la pensée bouddhiste, cause de troubles pour notre vision intérieure ? Cette fantasmagorie, qui se dresse et s'impose à nous, masque-telle ce qui existe vraiment derrière elle ? Faut-il aller voir au-delà de ces cimes pour percevoir au fond de soi-même ? enfin, pour le moment, nous allons devoir nous mettre dans l'action et non dans la méditation, car c'est le départ. Alors, plutôt que d'aller plus près de la tête de ces colosses, nous allons leur tourner le dos afin de contourner les difficultés qu'ils représentent dans le sens, tout relatif, de nos indicateurs du temps qui passe, bien que de nos jours ceux-ci aient parfois perdu leurs aiguilles.Nous allons ainsi nous offrir davantage d'espace, d'autres peines aussi... Moins 4 degrés, il est temps de dégringoler ce que nous avons gravi pendant deux jours... Mais voilà qu'après 20 minutes de descente, nous nous délestons, involontairement, de notre couchage ! Gil en profite alors pour se dévétir, car même à 4.000 m et sur la neige, il fait déja lourd lorsque l'on court. Nous passerons donc cette journée sous le signe de la tempérance avec Corinne, plutôt que de nous lancer dans une poursuite effrénée.Ce n'est que l'étape initiale, restons jovial. Vendredi 11 novembre Aujourd'hui, course en tête. Magnifique cette arrête vallonnée, tout de bois clairsemés à plus de 3.000 m. Et quel panorama ! Plus loin, c'est une descente sans fin, faite de marches taillées et agencées à la main, qui viendra à bout de nos genoux.Par milliers ces marches qui forment le chemin, sans âge, tel un fil d'Ariane entre les villages et les hommes. Lâcher prise, demeurer paisiblement et finir avec une troupe d'enfants, nous accompagnant dans l'instant présent. Samedi 12 novembre A nouveau, la course devant en compagnie de Régis. Sprint jusqu'au pont suspendu pour devancer une caravane de mules. Plus loin, Christophe s'échappe...encore plus loin, Des kilomètres dans le lit de la Kali Gandaki, nous traversons à plusieurs reprises des bras d'eau, faisons la chaîne avec nos bâtons et Fabien, c'est pas chaud pour les pieds ! un village, Marpha ? Non, pas encore, alors celui-là, toujours pas ! C'est interminable, on n'en voit pas le bout, mais finirons par le rejoindre. Peu de temps après l'arrivée, ça ne va pas fort, l'estomac est en vrac : gastro et coup de froid. Impossible de manger, juste un demi bol de riz sec avec du coca pour le faire passer. Dimanche 13 novembre Nous sommes à la ramasse toute la journée. Heureusement, c'est l'étape la plus courte. Aujourd'hui, je ne serais pas trop secoué, car dès que Gil veut trotter, son intestin, bien que vide, lui rappelle qu'il est bien présent, irrité.Un autre qui aussi lui fait savoir qu'il est bien là, dans son dos, mais trop plein celui-ci, c'est son sac à dos, dont les sangles sembles vouloir lui pénéttrer les épaules. Nous finirons avec l'ami Charlie, à Muktinath (3.700 m) pour une journée de repos qui tombe à pic. lundi 14 novembre Ce matin, ça va mieux, la veille après l'arrivée il a pu boire trois soupes de carottes, le soir manger normalement et bien dormir. Au contrôle médical, il est apte.Nous sommes aussi allés faire, l'après midi, des photos et prises de vues au-dessus du village, grandiose le panorama.nous sommes aussi montés au monastère pour nous purifier sous l'eau que déversent les 108 fontaines de bronze à tête de vache. Mais juste en y mettant la main, mieux vaut éviter de la boire, nous purifier oui, mais pas non plus nous vider...! en rentrant, nous avons même vu la flamme bleue de Bouddha dans un petit temple. "Le chant de l'immensité" Mardi 15 novembre Levé à 3h00.une grosse journée s'offre à nous avec, en guise d'échauffemnt, une marche de liaison de 1.700 m positif pour rallier le Thorong La (5.416 m), le col le plus haut de notre tour. Féerique la montée, sous cette nuit étoilée et bien lunée. Ils sont là, tout autour de nous, sphinx géants nous épiant dans la pénombre, semblant nous interroger avec un air de supériorité narquoise. "Qui êtes-vous parmi tant d'autres, petits lutins aux ballots multicolores ? Quelle est votre quête, votre prière ? vous qui êtez apparu, vous êtez agités,qui disparaitrés tandis que je vous regarderais ? où sont-ils allés ? où vas-tu ? le sais-tu ?" puis, les colosses s'illuminèrent d'une lumière ironique semblant venir du tréfonds de l'éternité... pour éclairer notre sentier. Gil, dans les derniers 400 m, se sent pousser des ailes. Il trottine, histoire de voir ce que l'on éprouve lorsque l'on court bien au-dessus du toit de l'Europe... Voilà le sommet : 5.416 m. Enfin, plutôt le col.Quel paradoxe à présent lorsqu'on qu'on va nous demander notre plus haut sommet atteind !du coup, il se retrouve dans cette cahute sortie de nul part pour émarger avec ceux parti bien plus tôt encore. Dès lors, la course reprend ses droits et chacun trace son chemin quand bon lui semble, mais sans toutefois trop trainer, il fait froid et le Mal Aigu des Montagne, telle l'épée de Damoclès plane au dessus de quelques têtes... Nous y allons prudement, ils y a bien des marches mais elles sont de glace et de neige.Un peu plus bas, nous pouvons nous lacher.Plus bas certes, mais nous sommes toutefois encore à 4.400 m, sur ce plateau vallonné, tout en relance, où l'on se croirait dans un cross longue distance, et cette boue même pas en option ! étonnant non ? enfin c'est le (bon) pied ! mais bientôt, l'énergie vient à baisser.Alors, nous arriverons à Khangsar (3730 m) en compagnie de Nono, le roi de la photo. Khangsar, certainement le village le plus rustique et isolé qu'il nous sera proposé lors de notre aventure organisée.On s'aperçoit ici, mieux encore qu'ailleurs, que dès que nous quittons les sentiers battus et touristiques, la vie devient encore plus âpre pour les corps et les âmes.Néanmoins, la rigueur n'en est que superficielle et n'atteinds pas les coeurs.Pour exemple, ce moment privilégié de communication par le jeu, language finalement universel, avec ces enfants aux vêtements tout poussièreux faisant du toboggan sur ces tuyaux de drainage en PVC, bel anachronisme!où Gil, toujours partant pour s'ammuser, prêtant la main pour recaler la frêle constrution vit l'un des gosses aller chercher, dans son bonnet au sol, une "chips maison" qu'il lui offrit. Suite & fin page 5
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